A propos du disque
Captivant Sur let’s call this, par cette faculté de dissocier le débit rythmique de ses deux mains, le pianiste de Triade fait penser tout à la fois au Lennie Tristano de Turkish Mambo et à Benoit Delbecq qu’il n’a pas oublié d’écouter. Light Blue s’inspire directement du caractère erratique et introspectif de Monk dans les tempos lents et l’on se laisse captiver par l’émergence du thème qui se cristallise tardivement à main gauche et autour duquel la main droite se met à graviter librement. Piromalli mêle le matériel de Skippy et Who Knows dans un même kaléidoscope, passe Monk’s mood au spectographe de sa science harmonique, fait valser Bye ya jusqu’à l’étourdissement, exténue la matière névrotique de Green Chimneys, dérègle le mécanisme de boîte à musique d’Ugly Beauty, soumet l’inertie rythmique d’Epistrophy à des effets alternés, voire simultanés, d’entrave et d’emballement. Seul face à sa platine, on se joindrait presque aux applaudissements de rappel en attendant la dernière plage : une paraphrase opiniâtre et hallucinée sur le thème de Blue Monk qui peut horripiler par son refus de groover mais qui réjouit aussi par cette vivacité des points de vue à la manière cubiste.
Franck Bergerot Jazzman N° 126 JUILLET / AOUT 2006