A propos du disque
Je me suis réjoui, d’emblée, quand le compteur de ma platine a affiché la durée de ce nouvel objet-disque (le label Yolk respecte l’objet-disque, le label Yolk se bat pour nous donner le son et l’image, c’est drôlement bien). Quarante-six minutes et six secondes, donc. Treize morceaux qui ’excèdent jamais, en moyenne, les quatre minutes.
Treize morceaux ? Treize chansons plutôt. Sans paroles, mais qui en disent long sur le présent (laissons l’avenir tranquille, on ne sait jamais) du jazz tel qu’on aimerait vraiment l’entendre aujourd’hui. Qui s’affranchissent tranquillement-intensément du poids de la tradition, un peu à la manière des joyeux trublions d’Happy Apple d’ailleurs, dont il nous semble percevoir (ce n’est pas qu’une comparaison, c’est surtout un compliment) ici l’influence gestuelle – la musique fait corps, on sent, on voit même (même pas besoin de dévédé !) Darche et ses amis bouger, danser, vivre. Ce disque nous raconte une histoire en treize chapitres, il n’y a pas un mot (on dit une « note ») de trop, pas de frime, rien que de la musique sensée.
Bref, ces types sont épatants. Achetez leur disque- acheter un disque, c’est un vrai plaisir, n’est-ce pas ?
[PS : le dernier morceau, La conjuration des Imbéciles, est aussi le titre d’un roman hilarant de John Kennedy Toole, éd. 10-18, que je vous recommande non moins chaudement.]
Frédéric Goaty Jazz Magazine - Décembre 2006 - Numéro 576