A propos du disque
Après «Out of the Blue», qui était un projet orienté électronique, j'ai souhaité revenir au saxophone en créant un groupe acoustique, sans pour autant m'en tenir à une forme «classique» de jazz. Trouver une combinaison autour de la chanson, ne serait-ce que pour le format ou la rythmique, c'est l'idée que j'avais en tête avant de commencer. Je me suis donc entouré de gens qui ne jouent pas uniquement du jazz et qui peuvent donc partager cet état d'esprit. Gilles Coronado a joué avec Fred Poulet et Jeanne Balibar, Christophe Lavergne avec Hélena Noguerra, Fred Chiffoleau avec Anna Karina. Techniquement, ce sont des musiciens très forts mais ils prennent également beaucoup de plaisir à jouer des choses simples.
J'avais également envie d'un son assez brut. C'est peut-être en réaction à une sorte de perfection actuelle dans la prise de son : avec l'informatique, toutes les impuretés sont gommées, et la réverbération donne parfois un côté trop lisse à la musique. À l'inverse, Gilles Coronado a un son plutôt rock que j'aime beaucoup. Je voulais conserver cette couleur sur le disque et la retrouver sur scène.
L'idée centrale, c'est de s'emparer des formes de musique populaires pour y glisser notre grain de sel, un peu comme le font aujourd'hui Marc Ribot ou Sexmob, et comme l'ont fait hier nombre de jazzmen. Partir d'éléments familiers pour le public afin de l'amener vers autre chose, voilà ce qui nous plaît. Concrètement, il s'agit par exemple de modifier la rythmique, d'introduire des mesures impaires et de ne pas se limiter aux mesures à quatre temps ou à deux temps. Harmoniquement, c'est s'éloigner des schémas traditionnels pour introduire plus de tension. Mais cette déconstruction réclame beaucoup de subtilité pour fonctionner, et ne pas s'égarer dans la parodie, que ce soit pour les compositions originales ou pour les reprises.
Je travaille avec Katerine, depuis plus de dix ans, nous avons participé à différents projets ensemble, dont un duo improvisé, lui aux paroles et moi aux machines. Je suis un fan du chanteur (pourtant vendéen !) spécialement lorsqu'il interprète les ballades. Le choix des chansons sur cet album n'est pas de l'humour, du second degré, par exemple lorsque nous reprenons « Le douanier Rousseau » avec Katerine, c'est parce que Philippe aime réellement cette chanson. Quant aux mélodies de « L'idole des jeunes » ou de « Capri c'est fini », je les trouve tout simplement superbes.
François Ripoche