"Quelques mois après le décès de Denis, je reçois un message de Michel Gillot vice président de l’Arrosoir, superbe jazz club de Chalon-sur-Saône, maillon de la scène française depuis 50 ans malheureusement sabordé par une municipalité sans scrupules et sans oreilles. J’avais quitté l’Arrosoir quelques mois auparavant après une très belle série de rencontres sous forme de salons intimes entre des habitants de Chalon et des musiciennes et musiciens autour de l’acte d’improviser. Nous étions heureux de cette belle aventure et des ces échanges humains au plus près de nos convictions artistiques et citoyennes. Avec Michel, avec l’équipe de l’Arrosoir, nous avions en commun un compagnon, une amitié forte, une inspiration, celle de Denis Badault. Quand j’ouvre ce mail à l’automne 2023, L’Arrosoir a fermé boutique et Denis s’en est allé. Je n’ai rien vu venir, il ne reste que des souvenirs toujours intenses et la frustration de ne pas avoir dit au revoir, ni à l’un, ni aux autres. Michel m’informe par ce message de l’existence d’un enregistrement live à l’Arrosoir de Denis Badault capté un dimanche de novembre 2021. Il me propose d’y jeter une oreille et de réfléchir à la possibilité d’éditer ce live sur Yolk avec l’aide financière résultant de la dissolution de leur association. C’est Médéric Roquesalane, le directeur de l’Arrosoir, passionné de musique qui a supervisé une série de live pour célébrer l’arrivée du nouveau piano à queue au club. Le document est précieux, rare, on y entend Denis jouer et parler. Le Denis que nous avons connu, pianiste gourmand et gourmet, sa finesse et son énergie sont là, son humour et son espièglerie aussi, les échanges avec le public sont drôles, sincères, extrêmement touchants… comme d’hab’.
« Je suis un enfant du jazz, mais à 18 ans c’est bien de se barrer de chez ses parents » … j’ai toujours entendu cette phrase chez lui, et c’est certain il adorait randonner parfois loin du jazz, mais nous avons toujours joué des standards entre nous, chez lui, chez moi, aux balances… il a toujours gardé une piole chez ses parents donc ! Depuis quelques années, il se consacrait à ces programmes de concert en solo où il combinait plusieurs titres dans le même morceau. Des standards principalement, parfois des compositions, des chansons populaires, et c’est ce "jeu" que vous découvrirez dans cet album live. Avec Jean-Louis Pommier nous avons tout de suite décidé de puiser dans notre tristesse pour trouver la force d'éditer et rendre disponible ce magnifique concert, cette trace sensible d’un grand musicien, de notre ami. Merci de tout coeur à sa famille, et ses amis proches qui nous ont encouragé et soutenu. A plus tard, Denis."
Sébastien Boisseau
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