A propos du disque
Aventureux, imaginatif et naviguant depuis plus d’un quart de siècle dans le paysage jazzistique français, Matthieu Donarier a souvent joué avec les esthétiques et déjoué les tentatives de classement stylistique. Adepte des formes métriques ou harmoniques sophistiquées comme des chansons populaires, des compositions ciselées comme de l’improvisation libre, il présente pour la première fois le fruit d’un travail en quartet très classique à première vue : saxophone, piano, contrebasse, batterie. Un poncif du jazz ? Ne vous y trompez pas : sous prétexte d’un tribut à l’un de ses maîtres, Matthieu Donarier rend ici hommage à toute une mémoire du jazz, à travers un opus à la fois limpide et spontané, empreint de liberté et d’écoute mutuelle.
“C'est sous l'imperturbable ciel bleu d'un premier confinement que j'ai fini d'écrire le répertoire de COASTLINE, conçu comme un hommage à Steve Lacy - artiste majeur dont la musique et la pensée m’accompagnent depuis mes débuts.
Plutôt qu’un programme basé sur ses oeuvres, j’ai opté pour une suite de compositions personnelles. C’est bien le moins que je puisse faire pour saluer cet immense musicien au parcours si singulier, dont les travaux, la liberté de pensée, le son m'ont nourri pendant de nombreuses années.
COASTLINE, parce que cette fine ligne en modification perpétuelle entre deux éléments - l’un, rassurant et connu, et l’autre, étranger et fascinant- est celle que j’ai choisi de suivre en écrivant ce répertoire en hommage à Steve Lacy. Écrire en pensant à lui, écrire vers lui, en me rapprochant de lui le plus possible, tout en gardant les pieds sur mon propre sol. Ne pas plagier, être en regard, contempler.
COASTLINE, aussi, parce que c’est un endroit que je connais bien, fait à la fois de ressourcement et d’incomplétude, de rêveries salutaires et de jeux insouciants. J’y ai grandi et je suis fait de ça. Que ce trait de côte soit merveille de la nature ou pris d'assaut deux mois de l'année, étendue paisible ouverte sur le ciel étoilé ou lieu hostile d’une violence rare, battu de vent et de sel, c'est toujours, toujours, un endroit étrange.
Et puis COASTLINE, bien sûr, parce que c’est une magnifique composition de Steve Lacy qui n’est pas sur l’album mais que nous jouerons en concert.
Dès les premières lectures, l'alchimie a fonctionné : Sophia Domancich, Stéphane Kerecki et Simon Goubert forment une équipe de rêve qui a su, en un instant, s'emparer de ce répertoire au-delà de ce que j'avais osé espérer. Nous avons tous, dans ce quartet, une histoire particulière avec Steve Lacy. À cela s’ajoute la joie de créer ensemble des formes toujours nouvelles en parcourant ces compositions comme autant de cartes au trésor.”
Matthieu Donarier